Montasconf
Les conférences scientifiques de
Montastruc la Conseillère.
Deux degrés Trop Totôt
par les élèves de la classe de CM2 de l'école Vinsonneau à Montastruc la Conseillère (31)
ARGENTIN DELPHINO Enzo, AUBRY Maceo,
BARROT Sandro, BIZIEUX Marylou, BOUE Mathilde, BOURY ESTNAULT Axel,
BRAHIMI Samy, BRUN Isabella, CHEHADA Ayat, DEBIA Alexine, DEBUIRE Lena,
DONATI Erwan, FERRE Baptiste, FRANCHINO DUBOIS Loris, GRANDPEYRE
TOSQUES Liona, IRIBAREN Manon, KODJO Audrey, LASCHNON Lucie, MENDEZ
Evan, REQUENA Kristel, RUBIRA Adam, RUFFATO Djulian, SEVERAC Narjiss,
SOUM Alexandre
Enseignante : Catherine VIDAL
Le 13 janvier 1912, une étrange épidémie de pétrification instantanée
frappa tous les animaux du zoo de Toulouse. On amena les malheureuses
bêtes au Muséum dans le très célèbre laboratoire du Professeur Ebénézer
Lafigasse. Ce grand savant et vétérinaire mondialement connu pour ses
travaux sur l’immobilité virale chez les grands primates se mit
aussitôt au travail. Ce qu’il découvrit ce matin- là en auscultant Toto
le chimpanzé le laissa rigoureusement sans voix....
Il prit un scalpel affûté, pour trancher la peau épaisse du torse,
ouvrit la cage thoracique où il aperçut une pendule entre les côtes.
Les aiguilles ne tournaient pas, son cœur ne battait plus. Par contre,
une araignée, elle aussi immobile, avait tissé sa toile et les fils
argentés semblaient reliés à la tête.
Le professeur poursuivit son investigation en découpant l’abdomen. Sous
le muscle du diaphragme, une lumière fluorescente irradiait. Le docteur
Lafigasse mit des gants parce qu’il craignait que ce virus soit
contagieux, puis il chaussa ses bésicles et fouilla l’intérieur. Il en
extirpa une banane phosphorescente.
Il observa un petit trou sous le pédoncule du fruit. Il s’empara d’une
loupe et aperçut une « bestiole » qui se tortillait dans la chair
sucrée, seul élément vivant dans le corps momifié de Toto. Avec
précaution il détacha la larve avec une pince et la posa sur une
lamelle de son microscope. La structure de ce ver paraissait très
étrange : des anneaux velus de poils luminescents qui éblouirent le
professeur.
Ce vénérable érudit ne connaissait pas cette larve. Il décida de partir
en Afrique équatoriale d’où était originaire le chimpanzé. Il prit un
train à vapeur jusqu’à Suez où il embarqua sur un steamer, puis à dos
d’éléphant, il arriva épuisé à Bangui. Il se fit accompagner dans la
forêt. Le professeur regardait toujours en l’air le sommet de la
canopée.
Le pauvre Ébenezer se retrouva soudain seul, perdu dans la jungle, les
bruits de la forêt s’étaient tus. Dans un silence inquiétant, il
découvrit un temple enfoui dans la végétation. Devant la porte, sur les
escaliers, des singes mais aussi des serpents, des insectes, des
oiseaux immobiles comme Toto, sans doute victimes du même virus étrange.
Malencontreusement, il marcha sur une pierre plate. C’est alors que le
portail du temple s’ouvrit. Le professeur entra, l’intérieur était très
sombre. Il alluma une torche et poursuivit son exploration, quand tout
à coup son flambeau s’éteignit. Au fond du couloir une lueur le guida
jusqu’à un trône. Un être étrange était assis là.
Ce personnage lui fit signe de s’approcher et lui demanda :« Qui es-tu bizarre étranger ? interrogea le roi de la jungle.
- Le professeur Lafigasse, bégaya notre ami, épouvanté.
Au centre d’une pièce immense, assis sur son trône en bois sculpté, son
interlocuteur, vêtu d’un habit doré, portait une mitre sur la tête; ses
gros yeux bleus roulaient dans ses orbites. Des boutons partout sur le
visage, des verrues sur les mains et une jambe de bois ne le rendaient
pas très attirant. Le savant effarouché le compara à un troll.
- Qu’est-ce qui vous amène ici ? questionna l’impressionnant personnage.
- La faune semble pétrifiée. Je viens pour que vous me donniez quelques
conseils sur un virus dangereux, bafouilla le vétérinaire en s’avançant
prudemment.
- Ah, je suppose que vous parlez du minuscule parasite (de la minuscule
larve... sinon, les pronoms qui suivent ne vont pas) qui a pétrifié les
animaux de la forêt ? Je sais où elle se loge, continua cet individu.
- C’est cela, acquiesça le docteur. Savez-vous comment je pourrais
guérir les animaux du zoo? Je l’ai étudiée car tous nos animaux se sont
comme momifiés dans de curieuses circonstances.
- Oui, affirma le surprenant monarque aux cheveux hirsutes et au regard perçant.
- Alors comment ? s’enquit l’explorateur.
- Dans la salle des cartes, tu découvriras une mappemonde sur laquelle
figure le lieu à atteindre. Il faudra franchir une rivière. Arrivé près
de l’arbre géant dit « Latagassala », tu apercevras des araignées
délogées par les changements climatiques. Tu feras un petit trou dans
l’écorce, en coulera sa sève résineuse et dorée. Ce liquide
extraordinaire peut lutter contre les parasites qui infestent notre
faune, assura l’affreux personnage.
- Êtes-vous sûr que cette larve soit responsable de leur immobilité ? s’inquiéta le savant.
- Tu devras creuser entre ses racines afin d’en sortir une pendule avec laquelle tu frapperas son tronc et une
banane tombera. Avec ce fruit et la sève de l’arbre, tu composeras le remède que vous administrerez à
chacun des animaux et ils guériront rapidement, termina le roi à la peau ridée.
- Comment connaissiez-vous ce mal qui a touché les pensionnaires du zoo ? renchérit le professeur.
- Je lis dans les pensées. Je viens de la lune et j’ai bien d’autres
pouvoirs. Mais je n’ai pas toujours eu cette apparence. Si je t’offre
mes informations, en échange, tu devras me rendre mon état premier.
Pour me libérer de mon sortilège, la pendule doit se mettre en
mouvement. Seul un humain très intelligent comme toi peut relancer les
aiguilles en déchiffrant le code d’accès, gémit le troll.
- Où est inscrite cette formule ? demanda le savant.
- Sur un parchemin enroulé dans une toile d’araignée, au creux de cet
arbre extraordinaire. Si tu réussis, le temple se ranimera alors et je
serai moi aussi délivré de ce sort maléfique. Aide-moi, proposa le mage.
- Je vais essayer, accepta l’explorateur, un peu sceptique. »
Le sorcier accompagna Ébenezer Lafigasse dans la salle des cartes où il
examina le plan détaillé qui guiderait ses pas. Il partit confiant à la
recherche d’un antidote au virus.
Aucun pont n’enjambait la rivière qui lui barrait le passage. A cause
de la montée des eaux due aux fortes pluies qui avaient élargi le lit
torrentiel, les berges étaient détruites. Heureusement des crocodiles
pétrifiés et même un hippopotame flottaient à la surface et notre
intrépide aventurier put traverser sur leur dos comme sur un passage
naturel même si ce n’était pas très stable.
Arrivé près de l’arbre géant, il creusa le sol et en sortit comme prévu
la fameuse pendule. Des araignées velues pullulaient autour de lui, il
n’était pas très rassuré mais, comme elles étaient elles aussi
immobiles, il en profita pour leur arracher les fils qu’elles avaient
tissés entre les branches. Il mit la main dans un creux de l’arbre, il
sentit la fourrure douce d’un rongeur sous ses doigts mais son cœur ne
battait pas et ouf, il ne fut pas mordu ! Il prit le parchemin enroulé
dans la toile fine, le déplia délicatement et lut :
« 2° C/3πr2 »
Il comprit tout de suite, posa les trois pieds de la pendule sur trois
pierres carrées et fit tourner de 2 degrés ses aiguilles. C’est alors
qu’elle tinta joliment et se remit en marche. Il cogna doucement
l’objet contre l’arbre, leva les yeux vers les plus hautes branches et
reçut une banane sur la tête. Comme elle était très mûre, elle s’écrasa
un peu mais notre ami ne s’en souciait pas. Il prit le fruit et observa
l’intérieur, la larve lumineuse était bien là ! Il mit plusieurs
bananes dans sa besace. Tout autour de lui la jungle se réveillait, une
cacophonie de chants, de bruissements... Comme pour le remercier, un
calao fit un trou dans l’écorce de l’arbre magique et le professeur
récupéra la précieuse sève à l’aspect de miel doré dans sa gourde.
Il reprit le chemin inverse pour revenir au temple, la rivière s’était
calmée et il put traverser à gué, en se méfiant des crocodiles qui
commençaient à s’agiter, plus menaçants que tout à l’heure. Le temple
était bien au même endroit mais abandonné, les pièces étaient vides;
même la salle des cartes était déserte. Plus trace de l’étrange roi,
était-il reparti dans la lune?
Le professeur Lafigasse revint dans son laboratoire, administra
l’antidote aux animaux qu’on lui avait amenés. Tous reprirent leurs
activités, ils revinrent au zoo pour le plus grand plaisir des
visiteurs, tous sauf Toto le chimpanzé. Il avait disparu lui aussi...à
moins que dans les salles du muséum, on le croise un jour...
Crédits
Montasconf Saison 2015-2016